à propos des « préconisations » du rapport Stora – modifié le 11 juillet 2021

Texte de la lettre ouverte au Président de la République :

Marseille le 10 juillet 2021

 

Monsieur Emmanuel Macron

Président de la République

Palais de l’Élysée

55 Rue du Faubourg Saint-Honoré

75008 Paris

 

 

Objet : Lettre ouverte initiée par l’Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs amis

 

 

 

Monsieur le Président,

Le 20 janvier dernier, Monsieur Benjamin Stora vous remettait le rapport sur les « Questions mémorielles portant sur la colonisation et la guerre d’Algérie ». Dans votre communiqué de ce même jour vous avez salué « la qualité de ce travail conduit dans un esprit d’ouverture, d’écoute et de respect de tous ». Nous partageons cette appréciation.

Il est, aujourd’hui, venu le temps des actions concrètes, des traductions tangibles pour avancer sur le chemin de la reconnaissance de toutes les mémoires, de toutes les douleurs. Il est venu le temps de concrétiser les préconisations du rapport afin d’établir des ponts entre les deux rives par la culture, la science, l’enseignement et les échanges de toutes natures.

Monsieur Benjamin Stora a formulé plusieurs préconisations. Elles peuvent paraître incomplètes, voire insuffisantes. Cependant nous les pensons nécessaires. Elles nous feront avancer sur le chemin des vérités, des réconciliations et de l’apaisement. Elles permettront d’ouvrir de nouvelles perspectives dont nous, Français et Algériens, avons tant besoin.

Monsieur le Président, des crimes ont été commis en Algérie au nom de l’État français. Au nom de la France reconnaissez ces crimes ; des enfumades par les généraux Bugeaud et Cavaignac, aux assassinats de patriotes algériens comme de femmes et d’hommes d’honneur français par les Aussaresses, OAS et autres criminels de guerre ; sans oublier le statut de l’indigénat, véritable apartheid institutionnalisé, l’abandon des Harkis et la torture pratiquée à grande échelle dont le viol. « Le viol, c’est ce qu’il y a de pire pour une femme : c’est la négation d’elle-même ». Demandez, Monsieur le Président, à Louisette Ighilahriz, auteure de cette phrase, d’accorder le pardon à ses tortionnaires, et en même temps, honorez ce médecin militaire de la 10e DP qui l’a soustraite des mains criminelles.

Dire, comme vous l’avez fait en 2017 dans une déclaration à un organe de presse, « La colonisation fait partie de l’histoire française. C’est un crime, c’est un crime contre l’humanité, c’est une vraie barbarie » est une vérité historique dont la reconnaissance honore notre Nation et porte haut les valeurs de la République.

Agissez, Monsieur le Président, pour permettre l’écriture d’une histoire lucide et dépassionnée de la France en Algérie, dans la complexité des moments et des parcours individuels. Contribuez ainsi, Monsieur le Président de la République, à ouvrir des relations paisibles et fécondes entre les peuples de France et d’Algérie.

Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de nos sentiments les plus respectueux.

 

 

Premiers signataires :

Anciens Appelés en Algérie et leurs Ami(e)s Contre la Guerre (4ACG).

Agir Contre le Colonialisme Aujourd’hui (ACCA).

Association Nationale des Pieds Noirs Progressistes et leurs amis (ANPNPA).

Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l’OAS (ANPROMEVO).

Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP).

Réfractaires non-violents à la guerre d’Algérie.

SOS racisme.

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