A propos du vote pied noir, par Roger Hillel. (publié le 16/2/2012)

La concomitance, dimanche 29 janvier, entre l’inauguration du centre de documentation des Français d’Algérie et le meeting de Marine le Pen a donné cours à un raccourci selon lequel les pieds-noirs voteraient massivement pour le Front National. Autant, cela peut s ‘appliquer au vote des adhérents du cercle algérianiste, cette association de pieds-noirs nostalgiques de l’Algérie française, autant, il serait faux de l’extrapoler à toute la communauté pied-noir.
Pour autant, il est patent que le vote pied-noir présente des caractéristiques qui traduisent une tendance certaine à droite, avec un penchant marqué pour l’extrême droite. Une étude récente, réalisée par deux chercheurs de l’IFOP clic pour lire ce rapport, basée sur des sondages et enquêtes d’opinion, permet de se faire une idée plus précise du comportement électoral de cette catégorie sociologique. Au premier tour de la présidentielle de 2002, une enquête IFOP « sortie des urnes » révélait que 30% des pieds-noirs avaient voté pour Jean-Marie Le Pen ou Bruno Mégret, soit 10 points de plus que la moyenne nationale. En 2007, même constatation: 31% des pieds-noirs avaient choisi Nicolas Sarkozy et 18% Jean-Marie Le Pen, soit pour ce dernier, environ 8 points au-dessus de la moyenne nationale.
Pour la présidentielle de 2012, les résultats des enquêtes d’opinion de l’Ifop, s’inscrivent dans la lignée des votes de 2002 et de 2007: Marine Le Pen obtient 28%, soit 8 points de plus que le score mesuré à l’échelon national. Pour Nicolas Sarkozy, on retrouve la prime à la droite avec une intention de vote majoré de 3,5% (22,5 contre 26%). Ce sur-vote au profit de la droite et surtout de l’extrême droite, se fait surtout aux dépens des candidats qualifiés de centristes (9 contre 15,5) et beaucoup moins aux dépens de François Hollande (26 contre 29%). A noter que les autres candidats de gauche, en particulier Jean-Luc Mélenchon, ne sont même pas mentionnés, ce qui en dit long sur la droitisation du vote pied-noir. Un phénomène qui a tendance à s’estomper avec les descendants des pieds-noirs, puisque, selon les mêmes enquêtes d’opinion, ils ne seraient que 24% a opter pour Marine Le Pen et 31% à voter pour François Hollande.

Roger Hillel

Commentaire de Jacques Pradel

Le tableau sur les intentions de vote en 2012 ne permet pas de conclure que les pieds noirs votent plus à droite que les non PN: les PN sont (hélas) vieux, nés en Algérie avant l’indépendance, il y a donc au moins 50 ans, et s’il est une chose claire c’est que les « vieux » votent  plus à droite (pas forcement à l’extrême droite) que les « jeunes ». Pour que la comparaison eût un sens il aurait fallu comparer les votes des PN avec des non PN de la même classe d’âge, ce qui n’a pas été le cas ! A l’appui de cette remarque, la catégorie « descendants de PN » , plus jeune que les autres, vote elle un poil plus à gauche (enfin Hollande ) et franchement moins à droite et un peu plus FN ; mais cette conclusion est également faussée par le fait que  le vote de ces descendants de PN n’a pas été comparé avec celui de « non descendants de PN » de la même classe d’âge.

Les autres candidats de gauche, dont JL Mélenchon, ne sont pas mentionnés, mais cela ne signifie rien puisque la somme des votes sur Hollande, Sarko, centristes et Le Pen est de l’ordre de 80%.

Ce contenu a été publié dans Actualités, les "Pieds Noirs". Vous pouvez le mettre en favoris avec ce permalien.

Les commentaires sont fermés.